
Incroyable mais vrai : Montpellier transforme ses tout-petits en explorateurs d’un marécage mutant bio-plastique (et ils repartent un peu collants)
Montpellier, 18 juillet 2025 — Dans un geste aussi audacieux que légèrement collant, la cité languedocienne inaugure aujourd’hui l’exposition immersive Do Not Feed Alligators, un voyage sensoriel et écologique transformant ses bambins en véritables aventuriers du marécage mutant… en bio-plastique. Du 19 juillet au 10 août, l’Espace Saint-Ravy devient le théâtre d’une expérience où art contemporain rime avec glu viscqueuse, et où les enfants, dès 12 mois, plongent les mains dans une matière aussi fascinante qu’indélébile.
Le futur, c’est gooey
Ce n’est pas un parc d’attractions, ni un atelier de bricolage classique : c’est un marécage mutant fabriqué à partir de bio-plastique biosourcé, « mi-solide, mi-liquide », comme le précise Asia Lapai, plasticienne et cofondatrice du collectif La Piscine. Ici, la nature traditionnelle s’efface devant une nature revisitée, plus gluante, plus complexe, parfaite pour préparer nos jeunes pousses à un futur écologique… viscéral.
Le protocole est simple, voire révolutionnaire : les enfants sont invités à manipuler la matière gluante, à se métamorphoser grâce à des accessoires aimantés et à se perdre dans un univers où la frontière entre vivant et artificiel devient aussi floue que les empreintes laissées sur leurs doigts. Le sociologue d’art consulté ne tarit pas d’éloges : « Ce projet prépare subtilement les jeunes générations à affronter des réalités écologiques complexes », confie-t-il en essuyant une tâche tenace de bio-plastique sur sa manche.
Entre sirènes, alligators et traces collantes
Le spectacle s’accompagne d’une performance chorégraphique, avec Fanny Momier, danseuse et chorégraphe, qui habite le marécage de son costume en bio-plastique conçu par Louise Deldicque. Une créature hybride, peut-être l’avatar futuriste du bébé montpelliérain version XXIème siècle, glissant et suintant entre sculptures organiques et films évoquant figures féminines mythiques et alligators sauvages.
Les œuvres de Pauline Pagès-Lloberas, suintantes et craquelées, semblent s’animer sous nos yeux. « Elles interrogent ce qui résiste et ce qui fuit, ce qui retient et ce qui déborde », explique-t-elle, en prélude à une séance d’essuyage frénétique des petites mains incrustées de résidus visqueux.
« L’eau est pensée pour son potentiel aqueux, voire visqueux, mais aussi révélateur de tensions et de désirs », précise Asia Lapai, nous rappelant que ce marécage n’est pas qu’une pataugeoire pour artistes, mais un miroir des complexités contemporaines, entre écologie, colonisation et récits migratoires.
L’éveil écologique, version gluante
Montpellier, pionnière de l’éveil sensoriel écologique (et, accessoirement, de la colle indélébile pour adultes), fait le pari que, dès 12 mois, on peut éduquer nos futures élites à la complexité du monde par des expériences totalement immersives, tactiles, et un peu collantes. Le tout, avec entrée libre, histoire de démocratiser la saleté artistique.
Les parents, eux, sont priés d’apporter une change complète, car les traces de bio-plastique résistent à tout : eau, savon, voire bonnes intentions. Certains repartent avec un sourire béat ; d’autres, avec des vêtements probablement condamnés à rester dans un marécage mutant… à vie.
L’art contemporain pour les tout-petits : un concept pas si « plastique »
À l’heure où l’art contemporain s’interroge sur ses limites, Do Not Feed Alligators pousse l’audace jusqu’à mêler écologie, esthétique et pédagogie dans un bain de matière molle. Ce n’est plus une exposition : c’est un rite d’initiation, une jungle bio-plastique où les bébés deviennent explorateurs, chercheurs, voire pirates d’un monde à la fois fascinant et inquiétant.
La chorégraphe Fanny Momier résume la démarche : « Habiter cet écosystème, c’est devenir à la fois sujet et objet, acteur et spectateur d’un futur à la fois mutant et merveilleux ». Un futur où les enfants, collants, repartiront avec bien plus que des traces sur la peau : une conscience écologique qui, espérons-le, ne partira pas au lavage.
Informations pratiques
Où ? Espace Saint-Ravy, Montpellier
Quand ? Du 19 juillet au 10 août 2025, vernissage vendredi 18 juillet à 18h30
Pour qui ? Enfants dès 12 mois (et parents patients)
Entrée ? Libre, mais attention aux vêtements !
Conclusion : une exposition qui colle… à la peau du temps
Avec Do Not Feed Alligators, Montpellier ne se contente pas d’exposer de l’art contemporain : elle plonge ses tout-petits dans un bain gluant d’écologie, d’histoire, et de rage artistique. La ville fait ainsi un pari audacieux, celui d’éduquer à la complexité environnementale par la sensation, l’émerveillement… et le bio-plastique. Un pari qui colle, littéralement, aux mains, aux vêtements, et peut-être bientôt aux mémoires.
Alors, si vous passez par Montpellier cet été, n’hésitez pas à vous frotter à ce marécage mutant. Mais prévoyez un change. Et un bon nettoyant.
Sources et références :