Thierry Beaudet, président du CESE : « Supprimer notre institution, c’est dire aux organisations de la société civile ‘ne vous mêlez pas de politique’ »

Thierry Beaudet, président du CESE : « Supprimer notre institution, c’est dire aux organisations de la société civile ‘ne vous mêlez pas de politique’ »

Thierry Beaudet à l’hémicycle du CESE

Dans un monde politique où chaque réforme envoie un petit coup de pied dans la fourmilière des institutions historiques, Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), s’est élevé avec la gravité d’un homme qui voit son château de cartes vaciller. À l’heure où la suppression pure et simple du CESE est évoquée dans certains cercles gouvernementaux, ce dernier a tenu à rappeler que cette institution n’est pas qu’un simple salon de thé pour élites bien-pensantes, mais bien le dernier bastion où la société civile peut s’inviter à la table des grandes décisions.

« Ne vous mêlez pas de politique », le message subliminal de la suppression

La déclaration de Thierry Beaudet est limpide : supprimer le CESE, c’est en quelque sorte adresser aux organisations de la société civile un message clair, presque un ordre à peine déguisé : « Ne vous mêlez pas de politique ». Un slogan qui ferait pâlir d’envie les régimes les moins tolérants.

« Supprimer notre institution, c’est dire aux organisations de la société civile ‘ne vous mêlez pas de politique’ », a-t-il martelé dans une interview accordée en juillet 2025 aux journalistes de Libération.

L’idée sous-jacente est que la démocratie française tire sa richesse de la pluralité des voix, et que le CESE, malgré son âge vénérable et ses procédures parfois labyrinthiques, incarne cette pluralité. L’abolir reviendrait à transformer la société civile en spectatrice muette, confinée au rang de simple auditrice dans le grand théâtre politique.

Le CESE, dernier rempart de la société civile?

CESE : un lieu de dialogue ou un vase clos poussiéreux ?

Il faut bien l’avouer : le CESE n’a jamais été la star des médias, ni même la star du grand public. Entre ses bureaux feutrés et ses séances où le jargon administratif rivalise avec la densité d’un traité de philosophie politique, le Conseil a souvent donné l’impression d’être une sorte d’académie où l’on débat pendant des heures pour un oui ou pour un non. Pourtant, sa mission est noble : être le pont entre l’économie, le social et l’environnement, et surtout offrir aux acteurs non étatiques – syndicats, associations, entreprises – une voix officielle.

Thierry Beaudet insiste justement sur ce rôle crucial :

« Le CESE agit comme un lieu de dialogue entre les acteurs économiques, sociaux et environnementaux, et sa disparition pourrait affaiblir la représentation des intérêts citoyens. »

Même si, avouons-le, la densité des rapports du CESE tient souvent plus de la dissertation universitaire que du manifeste révolutionnaire, sa suppression serait un signal fort envoyé à la société : « Vous n’êtes pas les bienvenus dans la politique, merci de rester chez vous à commenter sur les réseaux sociaux. »

Une réforme institutionnelle qui sème le trouble

Dans un contexte où le gouvernement de François Bayrou et ses alliés planchent sur une réforme institutionnelle censée simplifier et « moderniser » le paysage politique français, la question du CESE divise. Certains le considèrent comme un vestige inutile, un bâtiment administratif qui grève les finances publiques sans réel retour sur investissement. D’autres, comme Thierry Beaudet, mettent en garde contre un affaiblissement démocratique.

Les partisans de la réforme avancent que le CESE est trop lent, trop éloigné du terrain, et que la société civile a désormais d’autres moyens de se faire entendre – réseaux sociaux, manifestations, pétitions en ligne. À quoi bon un Conseil coûteux, quand on peut tweeter en direct à Emmanuel Macron ?

Mais cette vision oublie un détail : le CESE, aussi poussiéreux soit-il, reste le seul espace institutionnel garanti où les organisations de la société civile sont officiellement invitées à peser sur les débats. Supprimer ce lieu, c’est ouvrir grand la porte à une démocratie réduite au silence ou, pire, à la cacophonie digitale non régulée.

Dialogue démocratique en péril

Le dernier bastion du dialogue civil menacé de démolition

Il serait tentant de voir dans cette tentative de suppression une simple question budgétaire. Mais derrière l’épure comptable se cache un enjeu démocratique majeur.

Thierry Beaudet conclut avec un appel à la sagesse :

« Je lance un appel à la réflexion approfondie pour préserver ce lien démocratique fondamental. »

Un appel qui pourrait bien être entendu comme le dernier soupir d’un gardien d’institutions face à la frénésie réformatrice. Car, dans le tourbillon des réformes, il arrive que l’on oublie que la démocratie ne se résume pas à une addition de lois et de décrets, mais à un équilibre fragile entre pouvoir et contrôle citoyen.

La démocratie française, fragile équilibre

En guise de conclusion : Et si la société civile devenait une espèce en voie de disparition ?

Supprimer le CESE, c’est un peu comme débrancher la prise d’un aquarium où nagent encore quelques poissons colorés appelés « représentants de la société civile ». Dans ce monde politique qui se numérise et se simplifie à l’extrême, la suppression de ce Conseil pourrait bien sonner le glas de toute tentative d’expression organisée hors des sphères gouvernementales.

Alors, la prochaine fois que vous verrez un tweet rageur ou une pétition virale, souvenez-vous que, pendant ce temps, à Paris, quelqu’un se bat pour que la société civile ait encore une chaise à sa table. Sinon, il ne restera plus qu’à crier dans le vide… ou à faire des stories Instagram.


Pour en savoir plus, consultez l’article original de Libération :
Thierry Beaudet, président du CESE : « Supprimer notre institution, c’est dire aux organisations de la société civile ‘ne vous mêlez pas de politique’ »


Article satirique signé Le Gorafi – où même les institutions ont le droit de parler… avant leur suppression.