# Réforme de l’audiovisuel public : quand la démocratie parlementaire se fait vote bloqué au Sénat

Le 11 juillet 2025 restera dans les annales du Palais du Luxembourg comme une journée où la démocratie parlementaire a décidé, elle aussi, de prendre des vacances anticipées. Pour l’occasion, le Sénat a adopté en seconde lecture la fameuse réforme de l’audiovisuel public, visant à fusionner France Télévisions, Radio France et l’INA dans une holding toute-puissante, réunissant enfin sous un même toit les grandes voix de la nation — ou du moins leurs échos.
Mais attention ! Si le texte a bien été voté, ce fut dans une ambiance plus électrique qu’un poste à souder en pleine canicule. Devant une opposition gaucheuse décidée à faire durer le plaisir (et accessoirement l’échéance électorale), les débats se sont transformés en un marathon d’amendements, 330 exactement, comme autant de petits cailloux dans la chaussure du gouvernement. Le tout agrémenté d’invectives personnelles à l’encontre de la ministre de la Culture, Rachida Dati, rappelant que la moindre réforme mérite bien une bonne dose de *récit judiciaire* en prime.

Au bout d’un moment, fatigué par ces détours parlementaires dignes d’un feuilleton Netflix, le gouvernement a dégainé l’arme constitutionnelle ultime : le fameux **vote bloqué** (article 44.3). Ce stratagème permet en effet d’adopter un texte en bloc, sans passer par le détail des amendements, une sorte d’« expresso démocratique » qui fait gagner du temps mais fait hurler les amateurs de débats passionnés, déjà frustrés d’avoir à supporter les interruptions intempestives.
Le président de séance, Loïc Hervé, s’est retrouvé au cœur d’une bataille juridique sur la question du quorum, tentant de trancher en citant une jurisprudence sénatoriale de 2006 (tout juste sortie du placard), afin d’éviter que la gauche ne réclame une nouvelle vérification. Résultat : un échange vif où l’on a pu entendre des notions aussi précieuses que la « hiérarchie des normes au sein du Sénat », preuve que le Palais du Luxembourg n’a rien à envier à une université de droit en période d’examens.

Au final, la réforme a été adoptée par 194 voix contre 113, avec une abstention remarquée des macronistes du Sénat — signe que même dans la majorité, la réforme suscite quelques hésitations. Pour certains, c’est une victoire de la démocratie ; pour d’autres, un enterrement de première classe du débat parlementaire. Le tout sous le regard impassible des Français, qui, entre deux épisodes du JT, se demandent encore si la réforme concerne leur télécommande ou leur liberté d’expression.
Car au-delà des péripéties, la question reste posée : cette concentration de l’audiovisuel public sous une holding « exécutive » renforcera-t-elle réellement l’indépendance des médias ? Ou s’agit-il plutôt d’une manœuvre pour mieux contrôler les flux d’information, dans un contexte où la parole publique est déjà sous haute surveillance ?

Comme souvent, l’histoire ne fait que commencer. Le texte repassera bientôt à l’Assemblée nationale, où la bataille promet d’être tout aussi ardue, voire plus. D’ici là, les sénateurs retourneront à leurs habitudes : amender mollement, protester bruyamment, et surtout, veiller à ce que le café soit toujours bien serré. Et puis, qui sait, peut-être qu’un jour, la démocratie parlementaire reprendra ses droits... ou au moins, ses débats.
> *« À ce rythme, il faudrait 70 heures de débat pour aller au bout du texte »,* a ironisé la ministre, alors que ses opposants criaient à la « confiscation du débat ». En attendant, la démocratie, elle, a pris un petit coup de chaud au Sénat.
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*Sources :*
- [La réforme de l’audiovisuel public adoptée dans la douleur au Sénat](https://www.publicsenat.fr/actualites/parlementaire/la-reforme-de-laudiovisuel-public-adoptee-par-le-senat-a-lissue-de-debats-particulierement-houleux)
- [Attaques contre Rachida Dati et obstruction parlementaire : les débats sur l’audiovisuel public patinent au Sénat](https://www.publicsenat.fr/actualites/parlementaire/attaques-contre-rachida-dati-et-obstruction-parlementaire-les-debats-sur-laudiovisuel-public-patinent-au-senat)