
Accord de Bougival sur la Nouvelle-Calédonie : quand le courage politique fait taire les extrêmes (et les bavards)
Par Le Gorafi, 12 juillet 2025
Une pause historique dans le théâtre des extrêmes : la Nouvelle-Calédonie signe son acte de pacification... et on en parle presque trop peu
Dans un monde politique où la surprise tient souvent aux coups de gueule et aux dérapages, Bougival a offert début juillet 2025 l’un de ces moments rares où le courage, la raison, et l’envie de passer à autre chose ont réussi à faire taire – ne serait-ce qu’un temps – les habituels cris discordants. Loyalistes et indépendantistes calédoniens, après plus d’une décennie de palabres et de débats enflammés, ont signé un accord historique qui crée un État de Nouvelle-Calédonie… en restant français. Oui, vous avez bien lu : un État indépendant qui ne quitte pas la France. Magie politique ? Presque.
L’indépendance à la française : ou comment faire semblant de divorcer sans changer de canapé
Benjamin Morel, constitutionnaliste et grand manitou du jargon habile, nous explique la subtilité d’un concept que seuls les politiciens peuvent inventer sans se faire lyncher sur Twitter : « C’est une indépendance juridique en carton, une sorte d’État souverain qui délègue ses compétences régaliennes à la France, tout en gardant la possibilité de les récupérer si l’envie lui prend. » En clair, la Nouvelle-Calédonie pourra faire sa propre monnaie, sauf quand l’État français décidera que non, et gérer sa défense, sauf quand Paris aura besoin d’une statue de la Liberté en plastique pour calmer la rue. Un équilibre inédit, ou un numéro de funambule administratif digne d’un cirque politique.
Cette formule a le mérite d’être claire : les loyalistes, qui voulaient garder la main sur tout, peuvent toujours faire mine qu’ils contrôlent la situation, tandis que les indépendantistes affichent fièrement un drapeau qui flotte… sur un tapis d’accords et de compromis. L’art français de la synthèse politique, en somme.
Emmanuel Macron salue « un refus collectif de la politique du pire » (mais pas de la politique du presque mieux)
Le président de la République, toujours prompt à faire du marketing sur la paix retrouvée, a salué ce sommet à l’Élysée comme « un exemple de courage politique, un refus de la politique du pire ». Une déclaration digne d’un spot publicitaire pour une mutuelle santé ou un parfum. Le tout accompagné d’un sourire contrôlé et d’un geste de la main bien calculé, histoire de montrer qu’entre deux tours de chauffe à vélo dans les Hautes-Pyrénées, il est aussi un artisan de la paix.
Après les incendies de printemps 2024, la Nouvelle-Calédonie entre en ère « nouvelle », mais pas trop
L’accord intervient après des années de tensions, violences, et insurrections printanières qui ont fait vibrer les îles du Pacifique comme un mauvais remix de « We Will Rock You ». Mais cette fois, la musique semble s’être calmée, ou du moins s’être transformée en une douce harmonie d’accords constitutionnels et de négociations longues comme un jour sans croissant.
La société civile locale, d’ordinaire prompt à lever le poing, a salué cette avancée comme un tournant. Même si certains observateurs doutent encore que cette Nouvelle-Calédonie nouvelle ait plus de substance qu’un gâteau diplomatique soigneusement décoré.
Un modèle à exporter… ou à ranger dans la vitrine des « trucs qui marchent quand on est pas trop regardant »
L’accord de Bougival pourrait bien devenir le template parfait pour régler d’autres conflits territoriaux un peu épineux. Pourquoi se battre quand on peut faire semblant de se séparer en gardant la carte bleue commune ? Le compromis permet de faire croire à chacun qu’il a gagné, sans que personne n’ait véritablement perdu.
Les experts s’accordent à dire que cette formule est une nouvelle forme de « gouvernance partagée enclavée », ou comment concilier autonomie et tutelle dans un cocktail digestible. Pour les autres territoires en quête d’indépendance, la Nouvelle-Calédonie devient donc un terrain d’essai diplomatique où on peut négocier en évitant les gros mots comme « rupture » ou « sécession », au profit de termes plus doux : « partage de compétences » et « nationalité calédonienne inscrite dans la Constitution ». Ça sonne presque comme un slogan de campagne électorale réussie.
En conclusion, un accord qui fait taire les extrêmes (ou les endort)
L’accord de Bougival montre qu’il est encore possible, parfois, de faire taire les extrêmes – ou au moins de les faire taire assez longtemps pour que les caméras repartent. Et si le courage politique consiste à accepter un compromis qui ne satisfait personne à 100% mais que tout le monde applaudit poliment, alors autant dire que Bougival est devenu la capitale mondiale de ce courage-là.
Reste à voir combien de temps cette paix à géométrie variable tiendra, et surtout à quel moment les débats reprennent, avec la même passion… mais cette fois-ci, peut-être avec un peu plus d’humour.
Références
- Libération : Accord de Bougival sur la Nouvelle-Calédonie, le courage politique, c’est ça
- Europe 1 : Benjamin Morel décrypte l’accord sur la Nouvelle-Calédonie
Image d’illustration : le sommet à l’Élysée, où les sourires s’échangent plus vivement que les arguments.
Le Gorafi reste à l’écoute, prêt à couvrir le prochain épisode de cette saga où la politique rime, parfois, avec poésie.