
Réforme de l’audiovisuel public : quand le silence parlementaire devient une arme politique
11 juillet 2025 — Dans une scène digne d’un thriller politique à suspense, le Sénat français a vu se dérouler une bataille silencieuse, où le mot d’ordre des débats fut... le silence. Après des heures d’obstruction parlementaire, où la gauche jouait à cache-cache avec la parole, Rachida Dati, ministre de la Culture, a dégainé l’arme fatale : l’article 44.3 de la Constitution, autrement dit le fameux « 49-3 sénatorial », pour imposer son projet de réforme de l’audiovisuel public.
Le silence, nouvelle arme de la démocratie
Le projet ? Regrouper France Télévisions, Radio France et l’INA sous une holding unique. Ambitieux… ou du moins, c’est ce qu’on essaie de nous faire croire. Mais voilà, la gauche sénatoriale, probablement initiée au yoga parlementaire, a opté pour une obstruction aussi silencieuse que prolongée, multipliant les procédures dilatoires jusqu’à faire tourner la tête à la majorité. La ministre, visiblement lassée par cette partie de cache-cache, a donc décidé de couper court aux palabres : un vote unique sur l’ensemble du texte, sans amendements parasites, sans palabres inutiles, bref, une adoption en mode express.
« À ce rythme, il faudrait 70 heures pour discuter ce texte », a justifié Rachida Dati, avant d’envoyer un SMS probablement plus urgent que la réforme elle-même. Pendant ce temps, les rangs de la majorité étaient aussi clairsemés qu’une salle de concert de rock un lundi matin, preuve que l’enthousiasme pour le texte était… mitigé.
Quid de la démocratie ?
Comment ne pas s’émouvoir devant cette scène où le silence devient manifestation, où le mutisme se fait manifeste politique ? L’opposition crie à la « confiscation du débat », à la « mise en quarantaine de la démocratie », pendant que la ministre se réfugie derrière cet article constitutionnel qui, selon elle, sert à « débloquer la machine parlementaire ». Guillaume Gontard, chef des écologistes, n’a pas manqué de rappeler que la ministre, elle-même « visée par une litanie d’enquêtes », aurait bien du mal à défendre l’indépendance des médias publics, soulevant l’ironie amère qu’une réforme censée protéger la liberté d’information soit adoptée dans un tel climat.
La holding, nouveau château fort
Le texte prévoit donc la création d’une holding « exécutive » qui chapeautera France Télévisions, Radio France et l’INA. Un beau château fort audiovisuel, censé garantir à la fois modernité, efficacité et indépendance. Mais certains y voient surtout le moyen de mieux verrouiller la gouvernance, quand d’autres redoutent un monstre administratif opaque, capable de faire passer la presse libre par la fenêtre.
La réforme a été adoptée par 194 voix contre 113, mais la quasi-totalité des macronistes du Sénat s’est abstenue, signe que même dans la majorité, le texte divise. On imagine déjà la scène à l’Assemblée nationale cet automne : un nouveau round de débats houleux, probablement aussi silencieux que bruyants.
Analyse d’expert : quand la parole se fait rare, le pouvoir devient fort
Selon notre expert maison, le professeur Jean-Michel Inertie, spécialiste des stratégies parlementaires, « le silence est devenu la forme ultime du combat politique. Quand les arguments manquent, mieux vaut ne rien dire et laisser les procédures s’enliser ». Pour lui, ce « vote bloqué » n’est pas une atteinte à la démocratie, mais plutôt une « évolution naturelle » vers l’efficacité politique, même si au passage, on oublie un peu de démocratie.
« Il faut voir ça comme une nouvelle forme d’expression : la démocratie du mutisme », ajoute-t-il avec un sourire qui en dit long. Et d’ajouter, non sans malice, que « les débats passionnés d’antan sont remplacés par un ballet silencieux de regards, de gestes d’approbation ou de rejet, et surtout, beaucoup de café consommé dans le calme ».
Conclusion : la démocratie, c’est comme la télévision, ça se regarde, ça s’écoute, mais parfois, ça se mute
La réforme de l’audiovisuel public est adoptée. Le Sénat a choisi le silence comme arme, la ministre a choisi l’article 44.3 comme épée, et la démocratie ? Elle regarde, un peu abasourdie, cette pièce où le dialogue devient un spectacle muet.
Si l’on peut se consoler, c’est que tout cela fait un excellent sujet pour les futures émissions d’investigation… une fois que la holding sera en place, bien sûr, histoire de bien contrôler ce qui se dit, ce qui se tait, et surtout, ce qui doit rester dans l’ombre.
Sources :
- Public Sénat – Réforme audiovisuelle : adoption dans la douleur
- Public Sénat – Débats et obstruction parlementaire
Article rédigé sous le sceau de l'ironie journalistique, toute ressemblance avec une démocratie réelle serait purement fortuite.